Le moment où tout a basculé

Camille adorait orchestrer chaque détail des noces. Je la voyais s’animer devant les bouquets et la sélection de la porcelaine, persuadée que c’était encourageant. Jusqu’à cette soirée banale en apparence, assises au salon, entourées d’échantillons d’étoffes.
— « Je voudrais que ma nièce soit demoiselle d’honneur. Elle sera superbe. »
— « Magnifique idée ! Élise aussi, bien entendu. »
Son visage s’est instantanément durci. Puis, d’une voix coupante :
— « Je ne pense pas qu’Élise doive figurer dans le cortège marital. »
Ces mots m’ont transpercée. J’ai cru à un quiproquo.
— « Comment ça ? C’est ma fille. Elle participera forcément à notre union. »
— « C’est à moi de déterminer la composition du cortège », a-t-elle répliqué.
Le silence qui suivit en disait long sur l’atmosphère électrique.
Un amour qui excluait la présence d’un enfant
Le lendemain, sa mère m’a écrit : « Tu exagères. Ta fille n’a pas besoin d’être là ce jour-là. »
C’est à cet instant que j’ai compris : il ne s’agissait ni des robes ni du protocole.
Quand j’ai confronté Camille directement, la réalité m’a frappée de plein fouet. Elle souhaitait qu’après notre mariage, je devienne une mère « plus discrète », qu’Élise prenne moins de place dans ma vie. Elle ne la voulait pas sur les clichés, « pour prévenir toute ambiguïté future ».






